Dore la vieille tour et le haut des mâtures ;
Et, jetant son filet sur les vagues obscures,
Fait scintiller la mer dans ses mailles d’argent.
Voici surgir, touchés par un rayon lointain,
Des portiques de marbre et des architectures ;
Et le vent épicé fait rêver d’aventures
Dans la clarté limpide et fine du matin.
L’étendard déployé sur l’arsenal palpite ;
Et de petits enfants, qu’un jeu frivole excite,
Font sonner en courant les anneaux du vieux mur.
Pendant qu’un beau vaisseau, peint de pourpre et d’azur
Bondissant et léger sur l’écume sonore,
S’en va, tout frissonnant de voiles, dans l’aurore.
Albert Samain, ( 1858 - 1900 )
Recueil : Le chariot d’or
Né à Lille en 1858, Albert Samain, poète symboliste, est
décédé en 1900 à Magny-lès- Hameaux (
Seine-et-Oise ). Il écrivit dans les
journaux littéraires, fréquenta le « Chat noir « et prit part avec un
groupe d’amis à la fondation du Mercure de France, revue littéraire dont la
première livraison date du 1 er janvier 1890. Il en sera un des collaborateurs
attitrés.